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Festival du « Monde » : le bordeaux réinventé

Accentué par la baisse de la consommation de vin en général (et du rouge en particulier), un net désamour frappe le premier vignoble français, le Bordelais. Depuis une dizaine d’années, la sommellerie et les amateurs n’expriment plus le désir de leurs aînés pour ces vins qui ont pourtant servi d’exemple dans le monde entier. Résultat : pas moins de 10 000 hectares de vignes devraient être arrachés dans les dix ans à venir. Mais la force des vignerons de cette région réside dans leur résilience. Loin de s’apitoyer sur leur sort, nombreux sont ceux qui s’adaptent et se réinventent.
Comment sortir de la crise ? Les voies explorées sont multiples : du bordeaux servi en cocktail à la redécouverte de cépages oubliés, à réemployer pour des vins plus frais, plus fluides, plus en phase avec l’envie de légèreté de consommateurs contemporains. Lors du Festival du Monde, nous aborderons les différents aspects de l’avenir du vignoble lors d’ateliers de dégustation organisés en partenariat avec les Vins de Bordeaux.
Exemple : le territoire du Sauternais, réputé pour ses vins liquoreux, dont la commercialisation baisse dangereusement depuis une quinzaine d’années. L’une des solutions adoptées par les vignerons de cette appellation fut de produire des vins blancs secs, délaissant leur histoire par nécessité économique. Mais des idées alternatives se répandent, qui permettent de préserver la production des moelleux : des recettes d’apéritifs mélangeant du sauternes à du gin, de l’armagnac et autres liqueurs, avec un zeste de citron ou d’orange. C’est dire l’ouverture d’esprit du vignoble quand il s’agit d’assurer son avenir.
En ce qui concerne les vins rouges, qui forment la majorité de la production régionale, un nouvel imaginaire se dessine, qui place au premier plan les enjeux environnementaux. La viticulture biologique a décollé pour atteindre un quart du vignoble, dépassant largement la moyenne nationale. Les vins s’offrent ainsi une image plus saine. Ils sont également conçus pour présenter plus de fluidité, avec des élevages écourtés, qui mettent en avant leur aspect fruité et souple. On voit désormais la plupart des châteaux proposer à des prix très raisonnables des seconds vins, à consommer plus rapidement que les premiers vins, qui, eux, nécessitent une très longue garde. Grâce à ces nouveaux produits, souvent présentés sous des étiquettes plus « fun », voire dans des bouteilles aux formes originales, le bordeaux s’adresse à la nouvelle génération.
Concevoir son vin de demain, c’est aussi, pour la région, retrouver son goût d’origine, trop souvent mis de côté au gré des modes, notamment celle du boisé ou des cépages reconnus internationalement, comme le cabernet sauvignon ou le merlot, délaissant des cépages annexes qui permettaient pourtant d’offrir plus de nuances. Pour répondre à un marché qui les a punis, les vignerons bordelais ont réagi rapidement et intelligemment : ils ont repris à la racine leurs différentes problématiques. Finalement, grâce à cette claque lancée par les amateurs, le Bordelais devient peu à peu un exemple d’adaptation à tous les changements, aussi bien climatiques que sociologiques.
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